- Du 7 juin au 27 juillet : « ...et je voyage pour connaître ma géographie. »
Les vendredis, samedis, dimanches et jours fériés de 15h à 19h
groupes possibilité de visite particulière 06 20 29 18 66

Frédéric Diart est né en 1966. Il vit et travaille à Chauffailles en Saône-et-Loire.
« ...et je voyage pour connaître ma géographie. »
Frédéric Diart Peintures et monotypes 2018-2024 LA FILATURE
Ce qui constitue mon travail n'advient que dans le rapport étroit que j'établis et entretiens entre le mot et la surface peinte, entre des réseaux de sources langagières, et leurs engendrements rétiniens, leurs convulsions matérielles. J'envisage ma recherche comme la lente manifestation d'un état d'hybridité dont le mode de cristallisation implique un épuisement, un dessaisissement du langage, son démantèlement, pour un « au delà » du mot.
Je ne puis que croire encore et toujours que l'esprit doit, par la voie de l'art, s'approprier et assimiler l'impermanence de l'être afin d'y trouver et partager une fertile et digne inquiétude morale. Là où j'agis est un espace constitué de limites, de marges, de lisières, suscitant des faits picturaux où sont convoqués, dans un mouvement antagoniste, lisibilité et visibilité, dépôt et retrait, surgissement et enfouissement. Dans cette zone de porosité, le temps se rend disponible, et s'épaissit.
Cela s'articule sur un principe de mots peints s'installant pleinement ou partiellement, suivant les travaux engagés, sur le support; la méthode employée repose sur l'utilisation de lettre-pochoirs, ou mot-pochoirs, au travers desquels je dépose et circonscris la matière. Ce réseau de signifiances entre mot, matière et couleur privilégie l'inapparent, l'éloquence du mutisme, et tente de rendre sensible
l'inexorable dans l'évidence de la toile engluée. C'est apprendre à accepter, et partager, la perte, l'absence, et la douleur d'une continuelle dépossession. La matière annonce sa propre défaite et celle des mots; le langage se disperse, se dilue puis se cristallise en une crispation conglomérale qui est peinture, langage du ravage, de l'irrésolu et de la déliaison, langage hors du mot. Une non verbalisation théophanique.
Je ne m'habitue pas à l'inexorable. Peindre est pour moi le moyen, la solution paradoxale pour m'ancrer dans ce monde alors que son essence nous invite à le quitter, nous en échapper. C'est poser des repères entre le tourment de l'esprit et l'infini silence de la mort. Par l'artifice, chercher et signifier en matérialisant pour s'affranchir de l'obscurité. « Les mots me désespèrent, l'image m'indiffère, le châssis me perturbe, la toile tendue m'anéantit, la matière me révulse, la couleur me dégoûte. L'art me blesse et me guérit. Je suis peintre. »
Pour l'exposition de l'été 2025 à La Filature seront présentés une cinquantaine de toiles ainsi qu'une trentaine d’œuvres sur papier, toutes ces pièces étant majoritairement inédites.
Frédéric Diart